Document 1 : Une agriculture brésilienne à deux visages
L’histoire de Carlos Ernesto Augustin appartient déjà à la légende des pionniers du Mato Grosso, au centre-ouest du Brésil. Il est aujourd’hui à la tête d’un exploitation de 30 000 hectares et est devenu l’un des premiers producteurs de graines de soja du Brésil, qui écoule la majeure partie de ses semences à l’étranger (essentiellement pour nourrir le bétail). Ce n’est pas un hasard si le propriétaire s’est entouré d’ingénieurs et d’économistes pour mettre en valeur ses terres : recours massifs aux fertilisants, introduction de variétés de semences plus performantes, mécanisation poussée… Ici plus qu’ailleurs, c’est le modèle des latifundia, ces très grandes propriétés, qui s’est imposé.
La route est longue et cabossée pour atteindre le village de Sarapui, dans le centre-sud du Brésil. Ici, l’agriculture à haut rendement où règnent machines et nouvelles technologies n’a pas sa place, et l’image d’un Brésil compétitif et à l’offensive sur les marchés internationaux appartient à un autre monde. A Sarapui, il faut survivre en jonglant comme on peut entre une parcelle de riz, de manioc, de haricots, quelques poules pour nourrir les dix enfants de la famille. Quelques serres sont réservées à la culture des poivrons qui seront vendus sur les marchés de Sao Paulo, apportant aux familles leur seule source de revenus. Le travail se fait avec quelques outils à main.
Laurence Carmel, Le Monde, 24 mai 2005
Questions (10 points)
1- Nommez et décrivez les deux systèmes agricoles brésiliens présentés dans le document 1
(4 points)
2- L’agriculture brésilienne permet-elle de nourrir la population du pays ? (document 1 et 2)
(3 points)
3- a- D’après le document 2, pourquoi le front pionnier avance-t-il ? (1 point)
3- b- Quelles sont les conséquences humaines et environnementales de cette avancée ?
(2 points)
Je remercie Martin (2-6) pour avoir accepté de partager ses bonnes réponses.
Réponse organisée (10 points)
Pourquoi peut-on dire que le Brésil est un géant agricole en difficulté ?
Vous répondrez de manière organisée à cette question à partir des documents et de vos connaissances. Vous montrerez dans une première partie la diversité agricole du Brésil. Dans une seconde vous réfléchirez aux limites de l’agriculture brésilienne.
Proposition de correction. Les indications entre parenthèses ne doivent pas figurer sur les copies, ce sont seulement des indications.
En rouge, les éléments de cours. En bleu, les éléments présents dans les documents. L'idéal est d'alterner les 2.
(INTRODUCTION)
Le brésil fait partie des grands producteurs mondiaux de denrées agricoles. Pourtant, tous les Brésiliens ne mangent pas à leur faim. Comment expliquer ce paradoxe ? Pourquoi peut-on dire que le Brésil est un géant en difficulté ?
(SAUT DE LIGNE AVANT LA PARTIE I)
Le Brésil est un géant agricole. Sa production est riche et diversifiée. Il est en effet le premier producteur mondial d’agrumes, de café et de canne à sucre. Ces cultures d’exportation se trouvent sur le littoral Est du pays. Les exploitations sont ainsi à proximité des grands ports d’exportation.
Pour obtenir de telles productions, l’agriculture brésilienne s’est modernisée. La taille des parcelles a augmenté : l’exploitation de Carlos Ernesto s’étend sur 30000 hectares. En plus d’être immenses, les exploitations se sont mécanisées et ont intégré l’agrobusiness mondial. Désormais, la production de denrées telles que le soja fait appel à des services en amont (recherche, financement…).
(SAUT DE LIGNE AVANT LA PARTIE II)
Le Brésil est bien un géant agricole mais il rencontre quelques difficultés.
Le premier problème que rencontre le Brésil est la malnutrition / sous-alimentation de sa population. 25 millions de Brésiliens sont sous-alimentés. L’agriculture brésilienne performante est destinée à l’exportation. L’agriculture vivrière est rudimentaire. La polyculture familiale parvient difficilement à nourrir une famille.
Cette agriculture vivrière doit en plus résister à la pression de l’agriculture d’exportation. Les terres des paysans sont rachetées par les multinationales pour pratiquer la culture de produits tropicaux destinés à nourrir les populations du Nord, planter des cannes à sucre de plus en plus destinées à alimenter les moteurs des véhicules avec les agrocarburants ou du soja pour élever le bétail. L’agriculture vivrière cède donc du terrain à l’agriculture d’exportation.
Enfin, lorsque la terre agricole n’est plus disponible, les grandes entreprises procèdent au défrichement de l’Amazonie. L’avancée du front pionnier est problématique car elle perturbe les écosystèmes et entraîne le déplacement de populations autochtones. Les conséquences humaines et environnementales sont dramatiques.
(SAUT DE LIGNE AVANT LA CONCLUSION)
Le Brésil est donc un géant agricole avec une production diversifiée qui alimente les marchés agricoles mondiaux. Cependant, des millions de Brésiliens sont sous-alimentés et ne bénéficient des progrès techniques de l’agriculture brésilienne. L’Etat Brésilien semble avoir choisi une politique économiquement intéressante mais problématique d’un point de vue environnemental et humain.